— je dois vous parler et je n’ai pas que de bonnes nouvelles
— On va être décapité, demanda Jean
— Non, du moins j’espère. Lamarque est tombé sous les charmes de Margot et il veut l’emmener chez elle comme servante.
— C’est ça l’argent, demanda la jeune femme
— Oui, et je n’ai pas eu le choix.
— Mais il ne peut pas, Margot est à nous, rétorqua Jean, les larmes au bord des yeux
Paulin resta un moment silencieux
— Si elle ne le suit pas, il est capable de nous condamner à mort pour la récupérer ensuite.
— Mais…
— J’irais, le coupa Margot. Vous m’avez aidé lorsque j’en avais besoin, je ne veux pas qu’il vous arrive quelque chose.
Ce fut la soirée la plus triste depuis longtemps et Margot, pour les remercier, accepta de leur faire l’amour sur la table de la cuisine, ne voulant pas le faire dans une chambre avec le révolutionnaire à proximité.
Lorsque le matin arriva, les adieux furent douloureux et elle leur promit de revenir les voir dès qu’elle le pourrait. C’est ainsi qu’elle quitta l’auberge des deux frères, accompagnant le beau jeune homme sans trop savoir ce que l’avenir lui réservait.
Épilogue
Charlotte Lamarque referma son ordinateur. Elle n’avait que 28 ans et était passionnée par la généalogie.
Durant plus de six ans, elle avait fait des recherches sur ses ancêtres, trouvant leur histoire passionnante.
Pourtant, elle butait toujours sur un nom, Margot Lamarque qui était une orpheline, mais qui avait eu une vie trépidante. Malgré toutes ses recherches, elle n’avait jamais pu trouver les noms des parents de son aïeule et elle le regrettait.
Margot qui était née le 5 avril 1775 et était morte en 1851 avait été un emblème pour les femmes durant la révolution. Elle s’était battue, déjà à l’époque, pour qu’elles aient plus de place dans la société.
Charlotte était passionnée par cette femme qui s’était retrouvée veuve un an après son mariage et qui avait eu un fils qu’elle avait appelé Paulin. D’après la légende, elle avait hérité d’une grande fortune et, vers 1795, elle se serait retirée dans une auberge pour élever son garçon loin de la ville.
Ça devait être une sacrée femme.
Charlotte regarda sa montre et se dépêcha de se préparer, car son fiancé allait bientôt arriver. Elle sourit en pensant que le destin était étrange.
Elle qui était issue d’une famille de révolutionnaires allait épouser un descendant d’une des plus grandes familles de la noblesse.

