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Chantilly

Quand il s’allongera sur moi, s’introduisant en moi, pesant de tout son poids de mâle…

Chantilly

Ce jeudi est décidément un très mauvais jour : je viens d’apprendre que mon comptable s’est fait la malle et j’ai un inspecteur du fisc tatillon dans mes locaux. Ajoutez à cela des fournisseurs qui ne livrent pas ce que j’ai demandé et des clients qui oublient de régler leurs factures. Fraîchement divorcée, je tiens à bout de bras ma petite entreprise de création de motifs sur tissu et il faut être vraiment une superwoman pour jongler avec vie professionnelle et familiale.

Je n’ai pas trop à me plaindre pour le comptable : il s’est tiré avec la caisse d’autres entreprises, mais, néanmoins, il a « oublié » de déclarer diverses petites choses qu’il a visiblement mises dans la poche. Du moins, c’est ce que m’a déclaré ce jeune inspecteur du fisc qui farfouille mes livres de comptes depuis le début de la semaine. Ma seule et relative consolation est que mon abruti de crétin d’ex-mari est déjà en train de regretter sa greluche de blonde platine qui écorne joyeusement son compte en banque, dixit mon entourage.

Chloé Damien, c’est ce qui est écrit sur la plaque sombre de la porte que j’ouvre. Ma porte, mon bureau, mon entreprise.

C’est dans ce joyeux contexte que je reprends place dans mon bureau où une pile de courrier m’attend déjà. Blandine, mon assistante et chargée de relations, me tend un tas de paperasseries à signer. Je trouve qu’elle est souvent avec ce jeune inspecteur. Je crois avoir compris que notre jeune inspecteur n’avait d’yeux que pour ma collaboratrice. Il doit avoir dans les 25 ans, peut-être un peu plus. C’est vrai qu’il est mignon ; je me figurai les agents du fisc comme d’infects rachitiques tout en os avec lorgnon sur le bout d’un nez crochu. C’est vrai aussi que Blandine est ravissante, ce n’est pas pour rien si c’est elle qui s’occupe des relations avec la clientèle. Depuis maintenant 2 ans qu’elle travaille pour moi, je lui connais au moins 6, non 7 ou 8 relations connues. Sans compter les rencontres d’un soir qu’elle me raconte au déjeuner avec plein de détails. Une bonne vivante !

Comparativement, je suis plus terne, banale. Dans mes meilleurs jours, je ressemble à une Claire Chazal de quatrième catégorie, surtout aidée par mon tailleur. Je suis maintenant plus proche de 40 que de 30. Je ne suis pas transparente, car quand j’ai mon mot à dire, je ne me gêne pas, j’ai mon petit caractère, mais ce n’est certainement pas moi qu’on remarquera du premier coup d’œil. À côté de Blandine, je fais tapisserie ! Bref, je suis une blonde à cheveux courts, aux yeux presque bleus, visage assez classique, très BCBG, avec quelques kilos à perdre ci et là. Mais ça va, je me sens assez bien dans ma peau, me moquant des diktats de la mode. Rassurante, maternelle, me disent mes amis.

Il est 16 heures sur la grande horloge qui orne un des murs de mon petit bureau directorial entièrement acheté à moindres frais chez Ikea. Ça ne jette pas, mais c’est fonctionnel. D’ailleurs, je n’ai pas les moyens. On frappe la porte. Je dis d’entrée : c’est l’inspecteur du fisc qui arrive avec un livre de comptes en main. Daniel Puissant si j’ai bon souvenir. Il a l’air un peu ennuyé.

— Nous avons un petit problème, dit-il.

— Lequel ? Au point où j’en suis, un de plus, un de moins…

— Celui-là est vraiment dans la catégorie supérieure !

Je fronce des sourcils. Ce jeune inspecteur m’a l’air très posé et pas du style à plaisanter. Je lui désigne un siège.

— Et c’est quoi ?

— Je présume que la comptabilité et vous, ça fait deux… demande-t-il.

— Oui, sinon pourquoi aurais-je pris un comptable ? Parlons-en du comptable ! Un escroc ! Enfin, pas trop pour moi…

— Justement, il faut en parler du comptable parce qu’il ne vous a pas… comment dire… épargné…

— C’est-à-dire ?

— Comment dire…

— Allez-y franchement ! Au point où j’en suis !

Je pousse un long soupir : le calice à la lice…

— Comme vous voudrez. Étant donné qu’il a oublié de déclarer à l’État certaines choses et qu’il a mis sous le manteau d’autres, j’en arrive à une certaine somme. Et donc à un certain redressement…

— Un redressement ? Comment ça, un redressement ?

— À vue de nez, il y en aurait pour 20 000 euros au bas mot, sous réserve d’autres malversations…

— 20 000 euros !!!

Je bondis hors de mon siège qui valse contre le mur. Mon cœur bat à cent à l’heure, mes mains sont moites, mon ventre se serre atrocement.

— Mais… mais… mais comment ? Mais je n’y suis pour rien !

— Hélas si, en tant que chef d’entreprise. Il suffira néanmoins de prouver votre bonne foi pour qu’un compromis soit trouvé.

— Un compromis ? Mais je n’ai rien à me reprocher !!

— Désolé, mais ce n’est pas si simple. N’ayez crainte, je pense qu’on peut trouver un… arrangement… Il suffira d’examiner soigneusement les faits.

Il me regarde calmement d’un air placide. Je commence à comprendre doucement ce que peut ressentir la gazelle face au lion. Leur satanée réputation n’est peut-être pas tant usurpée que ça !

— Que… que voulez-vous dire par là ?

— Il faudra que j’examine votre dossier à tête reposée. J’aurais besoin de toutes les pièces disponibles pour ce faire et de collaboration…

— Blandine se fera un plaisir de s’en occuper. J’ai cru remarquer que…

Aïe, ce n’était peut-être pas le genre de réflexion à tenter ! Il fait comme si de rien n’était, il continue sans sourciller la conversation, aucun frémissement dans la voix :

— Puisque vous en parlez, pourriez-vous me… ménager un dîner ?

— Un dîner ? Vous ménager un dîner ? Faudrait-il que Blandine soit d’accord ! Et puis vous n’avez pas besoin de ma permission pour cela ! dis-je en souriant.

Intérieurement, je pousse un long soupir de soulagement : s’il veut Blandine, qu’il se débrouille avec ! Elle ne dira pas non, je pense, et ça m’arrange. J’ai un peu honte de vendre ainsi ma collaboratrice, mais 20 000 euros est une somme dantesque pour ma société qui a déjà bien du mal avec ses clients mauvais payeurs. Il est toujours assis face à moi. Je me sens idiote à rester debout. J’attrape mon siège pour m’asseoir dessus.

— Détrompez-vous : j’ai absolument besoin de votre permission…

— Je ne comprends pas ! Allez voir Blandine et posez-lui la question directement ! Avec ma bénédiction, faites passer la note de frais sur le compte de la société. À moins, qu’en tant qu’inspecteur, vous estimiez que ce n’est pas déductible…

— Grand seigneur, je fermerai les yeux ! répond-il en souriant.

— Alors, où est le problème ?

— Je crois que vous n’avez pas bien saisi le postulat de base… reprend-il, imperturbable.

— Quel postulat de base ?

— Qui vous a dit qu’il s’agissait de votre collaboratrice ?

— Euh !? Mais c’est vous qui…

— Moi ? Je n’ai rien dit de la sorte ! C’est votre conclusion…

J’ouvre de grands yeux étonnés. Une sourde angoisse me reprend. L’image de la gazelle et du lion me revient à l’esprit, sauf que j’y vois maintenant un tigre.

— Mais alors qui ?

— Vous le savez très bien : vous !

— Moi !?

— Oui, vous !

Oh merde ! Moi !? Mais pourquoi moi ? Je suis trop vieille pour lui, Blandine fait nettement plus l’affaire ! J’étouffe un petit hoquet et je repars à l’attaque, vaillamment.

— Mais, je ne suis pas… enfin, je veux dire que je suis moins…

— Si vous faites allusion au fait que vous croyez être moins bien que votre collaboratrice, permettez-moi de vous détromper. Quant à votre âge, il n’est pas un problème pour moi. D’ailleurs, nous avons moins de dix ans d’écart. Et puis, ça changerait quoi ?

— Dix ans ? Vous me flattez !

— Désolé, je connais votre date de naissance et même l’heure. C’est vous qui me flattez.

Alors là, j’en reste clouée sur mon siège. Je ne sais plus bien ce qui me coupe le sifflet : le fait qu’il me veuille, qu’il soit plus âgé qu’il en a l’air ou qu’il m’apprécie. Ou un peu de tout ça.

— Ce… c’est… euh, très flatteur de votre part de… que je…

— Autant vous faciliter la tâche : le fait que vous acceptiez ou non mon invitation n’est en rien lié avec la suite des événements concernant votre entreprise.

— Vous m’excuserez, mais permettez-moi d’en douter !

— Vous avez raison ; je dois reconnaître que si vous acceptez, je serais particulièrement oublieux de l’application stricte du règlement.

— Et… si je n’accepte pas ?

— J’appliquerais, sans chercher toutefois à me… venger… répondit-il, d’une voie neutre.

— Puis-je en être sûre ?

— Non : vous n’avez que ma parole.

— Ah… Au moins, avec vous, on ne tourne pas autour du pot !

— C’est un principe chez moi.

Je passe nerveusement la langue sur mes lèvres desséchées. Il suit avec intérêt la manœuvre. Je pique un fard. Il en profite un max.

— Il vous faut une réponse tout de suite ?

— Non, vous avez jusqu’à la fermeture des bureaux pour me donner une réponse puisque l’invitation est pour ce soir.

— Ce soir ? Mais je fais comment pour ma fille ?

— Vous avez une nounou, elle est inscrite dans votre déclaration.

— Parce qu’en plus, vous avez épluché ma déclaration personnelle ?

— Oui, j’aime bien tout connaître de la femme qui me plaît !

Je suis sciée. Il est heureux que je sois assise sinon j’aurais eu les jambes parties aux abonnés absents ! Je secoue la tête :

— Ça vous arrive souvent de… enfin, de vous y prendre ainsi avec les femmes qui vous plaisent ?

— Rarement. Mais j’ai eu tout le loisir de vous observer, de vous admirer tandis que vous croyiez que j’étais censé succomber aux charmes de votre collaboratrice.

— Si je vous comprends bien, vous avez joliment trompé votre monde !

— Je suis assez fier de moi, d’après ce que j’ai pu entendre de Radio-Couloir…

— Vous êtes machiavélique dans votre genre !

— Merci ! De votre adorable bouche, je prends ça comme un compliment.

Il se lève, me décroche un large sourire puis avant de sortir, il se retourne :

— Je n’aime que les femmes pleinement consentantes, libres d’elles-mêmes. Si vous ne voulez pas, dites simplement non. Mais il me faut une réponse d’ici deux heures. Bonne fin d’après-midi.

Il referme doucement la porte derrière lui. Je suis effondrée, stupéfaite, mais secrètement flattée qu’on ne puisse encore s’intéresser à ma petite personne. Je me renverse sur mon siège, les pensées dans le vague quand, tout d’un coup, la porte s’ouvre à nouveau :

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